Alpha, Beta, Omega... Et puis quoi, encore ?

Alpha, Beta, Omega... Et puis quoi, encore ?

La dominance, rétablissons la vérité

« Mon chien est un dominant »

Lorsqu’on promène son chien, combien de fois nous avons pu entendre ce genre de phrases ? Quel effet cela a-t-il sur vous lorsque vous entendez ceci ?

De la crainte pour votre chien ? Il est vrai que si le chien d’en face est un dominant, il y a des chances qu’il veuille s’imposer sur votre chien, qu’il risque de le malmener, voire l’attaquer, le mordre.

Spoiler alert ! La dominance chez le chien, en tant qu’état, N’EXISTE PAS !!!

La dominance :

Aujourd’hui, et concernant l’espèce humaine, on l’entend comme un gros mot. Le mot dominant sous-entend un tyran, le dominé devient le faible, le soumis. Ce n’est plus employé pour l’homme. Et heureusement.

La dominance signifie un état systématique de prise de dessus sur l’autre, et inversement pour le dominé.

Alors pourquoi l’utiliser encore pour nos chiens ?

Pour expliquer cette idée reçue, et bien la démonter ensuite, revenons un peu en arrière… L’étude du chien via le loup.

Tout le monde sait que nos chiens familiers (canis lupus familiaris) descendent du loup (canis lupus), et que ce dernier a été domestiquée par l’homme il y a entre 15 000 et 30 000 ans.

15 000 ans !!! On pourrait se dire que depuis, le chien a évolué différemment du loup au contact de l’homme ? Que ce sont bien devenus deux espèces différentes ? Et bien, non.

Ajoutez à cela les observations du loup, trompeuses sur le fonctionnement de la meute, durant des centaines d’années, et vous obtenez un combo… perdant.

Le cas des loups :

Pendant longtemps, l’observation du comportement des loups a été faite en captivité, pour des raisons de facilité on va dire. Le loup étant très discret, son étude en milieu naturel, sans les technologies d’aujourd’hui, était quasi impossible. Cela nous a donc mené à tout un tas d’erreurs.

En premier lieu, le mot « meute », et sa définition. Une meute, à l’époque, n’était juste qu’un regroupement de loups, vivant ensemble et selon une hiérarchie bien spécifique. Les loups choisis pour ces études, provenaient de différentes familles et devaient s’accommoder entre eux pour gérer des conflits éventuels.

De nos jours, nous savons que la meute désigne une famille : le mâle, la femelle, les petits. Le mâle et la femelle « alpha », comme on le disait si bien, ne se reproduisent qu’entre eux, et il est interdit aux enfants de s’accoupler. Normal si on le voit d’un point de vue humain, on ne se reproduit pas avec ses enfants ! De même, nos enfants ne se reproduisent pas entre eux !

Ce sont papa et maman qui décident au sein de la famille. Ce sont eux qui vont faire les courses (chasser), éduquer, protéger, etc.

Si le manque de nourriture se profile, la louve et les louveteaux seront prioritaires sur le repas. Nous sommes donc loin du tyran dominant qui mange en premier quelque soit les circonstances.

Cette organisation sociale, appelée hiérarchie intra-spécifique (au sein de la même espèce), n’a pour but que la survie du groupe.

Les louveteaux, devenus adultes, pourront choisir (selon leur individualité propre) entre rester vivre au sein de la meute, ne jamais se reproduire et éduquer les futurs louveteaux à venir, ou partir à l’aventure, quitter la meute, afin de trouver un/une partenaire ailleurs avec qui fonder une nouvelle meute.

Voilà qui dénonce également cette idée reçue qu’un loup solitaire est un exclu, que ce n’est pas naturel, et qu’un loup vit obligatoirement en nombre.

Et nos chiens, alors ?

Effectivement, ce sont eux qui nous intéressent.

Rappelons que nos chiens familiers ne sont pas et ne seront plus jamais des loups. Ce sont bien, non pas des races, mais des espèces différentes. Comparer l’Homme et le singe reviendrait à la même analogie.

Cette notion de survie du groupe n’a pas d’intérêt pour le chien. La chasse, par exemple, sera considérée comme un loisir, non un besoin vital. En rentrant, il aura ses croquettes à disposition.

En observant les groupes de chiens, les études scientifiques n’ont pas révélées de réelle hiérarchie entre eux. Tout dépend du contexte, de l’environnement, de la motivation de chaque individu.

Je m’explique : Prenons le cas de deux chiens, l’un ayant mangé à sa faim, la peau du ventre bien tendue, et le second étant affamé depuis deux jours. Placez une gamelle de croquettes fraiches devant eux. Lequel des deux sera le plus motivé à sauter sur la nourriture ? Celui qui a faim, bien sûr. Se pourrait-il qu’il se batte pour l’atteindre ? Oui. Devrait-il être qualifié de dominant ? Non.

Autre contexte, avec ces deux mêmes chiens. Placez un panier bien moelleux avec eux. Il y a de grandes chances que ce soit celui qui a bien mangé et ne pense qu’à dormir qui va se montrer plus persuasif pour y avoir accès en premier. Dominant ? Toujours pas.

Faire ainsi d’un cas une généralité n’a aucun sens, si ce n’est l’égo parfois (de l’humain évidemment), « mon chien est un dominant » serait donc une fierté pour l’Homme qui le conduit, ou une excuse pour qualifier un comportement qui ne fait pas bon ménage avec ce que la société humaine attend d’un « bon chien ».

Le chien et les humains :

Imaginez, Attila, Chihuahua de 4 ans : « Aujourd’hui, je vais dominer le monde des Hommes ! »

Marrant, non ? Dans un animé, pourquoi pas. En réalité, cela n’existe pas.

Alors pourquoi Attila me montre les dents quand je veux aller dans mon lit alors qu’il est couché dessus ? Sans doute parce qu’il y est bien et ne veut pas en descendre. Il vous l’indique par ce biais.

Pourquoi Attila aboie sur moi quand il veut sortir ? Il l’a sans doute fait une fois, a vu que ça a fonctionné, a recommencé et vous avez, sans le vouloir, renforcé ce comportement jusqu’à ce qu’il devienne acquis chez Attila comme la façon de demander.

Il n’y a pas de hiérarchie inter-spécifique (entre des espèces différentes), pour autant, définir un cadre et des règles de vie commune est importante et doit se faire dans la douceur. Voyez le comme un accord entre vous pour une cohabitation saine et équilibrée.

Sachez que, comme tout mammifère, un chien est un opportuniste. Il ira toujours vers ce qui lui procure du plaisir. Déterminer ce qu’il aime sera votre clé pour débloquer toutes les situations qui pourraient vous être gênantes, voire problématiques.

Nos chiens sont contraints de vivre dans une société humaine qu’ils ne comprennent pas. Prenons le temps de nous tourner vers eux, comprenons leurs besoins et leurs motivations…

Pour que le meilleur l’emporte sur le pire.

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